C’est sur un chantier de restauration il y a des années que je me suis intéressée à de vieilles chutes de madriers qui traînaient dans la poussière et un peu partout dans les coins et recoins de l’atelier.Lire la suite

J’en aimais l’aspect brut, l’éclatement des fibres, les fêlures, l’érosion des angles, j’aimais cette forme du récit de leur usage au fil du temps…Dénués de tout intérêt, ternes, presque invisibles à force d’être là, il en émanait pourtant une surprenante étrangeté faite à la fois de leur insignifiance et de leur singularité, qui m’a conduite à les transposer dans la banalité (supposée) d’objets du quotidien: greffer une poignée métallique sur un rectangle de bois muni de cornières pour en protéger les angles valide la reconnaissance d’une petite valise autant que l’évidence de n’avoir jamais pu servir comme telle et donc de générer l’usure que la petite valise donne à voir, évoquant un passé dont elle prétendrait en vain témoigner .

Il est cependant possible à l’association de ces éléments à priori inconciliables de faire appel, au-delà des apparences délibérément rustiques et invraisemblables, à la familiarité ou à l’intimité que chacune ou chacun d’entre nous a ou aura pu entretenir avec certains objets ordinaires devenus parfois précieux du fait de l’histoire qui les accompagne et qui accompagne nos vies.

C’est en partie au travers de ce jeu de représentation entre vrai et faux, possible, impossible, identifiable, récusable, accessoire, accessible, inutilisable, que se situerait cette série.